Porter plainte, dites-vous… ?
31 mai 2019 18:52 0 messages
Alors que s’ouvre le procès en diffamation de Sandra Muller, journaliste à l’origine du #balancetonporc plaidant pour la libération de la parole des femmes, nous enrageons de voir qu’à la mairie de Saint-Nazaire la situation se répète :
Un élu municipal porte plainte pour diffamation contre une élue qui ne fait que son devoir face à des faits potentiels extrêmement graves en alertant sur « des violences sexuelles et un climat de sexisme ambiant et oppressant à la mairie ».
Nous, association féministe, soutenons l’appel des 10 élu.e.s qui refusent que soit bâillonnée la parole des femmes et qui rappellent que 9 femmes sur 10 se résignent à ne pas porter plainte. Des questions s’imposent alors :
Comment pourrait-il en être autrement quand on apprend que l’affaire a été dissimulée pendant un an malgré l’interpellation du maire par certaines élues de la majorité ?
Comment un maire qui se dit engagé dans la prévention des violences faites aux femmes a-t-il pu laisser passer tout ce temps sans favoriser et considérer l’expression de celles-ci ? Sans penser qu’exiger le dépôt d’une plainte pour prétendre pouvoir agir sur le climat sexiste et d’oppression qu’elles dénonçaient n’était qu’une remise en doute de leurs paroles ?
Pouvons-nous évoquer un défaut de responsabilité de la part du 1er magistrat de la ville ?
Nous ne laisserons pas dire à ce stade qu’il s’agit d’affaires personnelles comme il le fait mais nous tenons à rappeler que le privé est politique : le déni opposé à la parole des femmes et à la révélation de ce type de comportements les amène à vivre dans la crainte, à intégrer les inégalités dont elles sont victimes et à renoncer à leurs droits.
Nous déplorons en outre le traitement médiatique de cette affaire qui consiste à décrédibiliser la parole de l’élue en évoquant des éléments de sa carrière politique ou la proximité des échéances municipales qui n’ont aucun lien avec le sujet traité ; tandis qu’il n’est pas fait état de la situation de l’élu en question ou du fond de l’affaire curieusement négligé. Cela nous ramène irrémédiablement à l’affaire récente de D. Baupin qui s’est heureusement retournée contre lui et nous rappelle -s’il le fallait- que la défense des droits des femmes ne semble toujours pas une lutte légitime.
Nous souhaitons que la présomption d’innocence soit respectée mais qu’elle ne soit pas caution à transformer les lanceur.se.s d’alertes en coupables.
Face à ce qui ressemble à une stratégie délibérée d’étouffer encore une affaire de violences sexuelles, toutes nos pensées et notre soutien vont d’abord à la victime.
Nous nous engageons en tant qu’association féministe, à veiller à ce que l’intimidation ne soit plus un frein à la libération de la parole des femmes et à ne jamais reculer face à toutes les stratégies utilisées pour conditionner leur place et réprimer leur parole, tant dans la vie publique que privée.
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